Le ciel nous appartient by Rundell Katherine

Le ciel nous appartient by Rundell Katherine

Auteur:Rundell, Katherine [Rundell, Katherine]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Éditeur: Folio
Publié: 2016-08-31T22:00:00+00:00


17

Matteo rajusta son sac à dos et entraîna Sophie à sa suite.

— Quand la lune sortira, on y verra mieux.

Il pointa le doigt au loin en bombant le torse.

— Tu vois ce toit là-bas ? C’est l’endroit où je vis.

— C’est charmant, répondit Sophie par pure politesse.

Elle avait en effet toujours les yeux fermés, mais c’était ce que vous étiez censé dire quand les gens vous faisaient visiter leur maison.

— Charmant ? C’est tout ?

— Désolée.

Ce ne fut qu’une fois qu’elle eut recouvré son souffle, et par la même occasion son courage, que Sophie se décida à jeter un œil. Puis les deux.

— C’est là que tu vis ?

C’était magnifique. Le toit de Matteo était à une hauteur aussi vertigineuse que celui sur lequel ils se trouvaient, mais l’immeuble était en grès et brillait d’une lumière dorée sous le clair de lune. Des statues de femmes et de guerriers ornaient les façades. C’était le genre de bâtiment où on trouvait des chandeliers, et des hommes capables de changer le monde en un claquement de doigts. Au sommet flottait un drapeau français, fixé à un mât argenté rutilant.

— C’est le Palais de Justice, dit Matteo. Le bâtiment le plus important de Paris.

— Tu parles comme un agent immobilier.

— Mais c’est vrai !

Il avait l’air furieux.

— C’est le plus beau bâtiment d’Europe. C’est écrit dans les guides.

— Et comment fait-on pour y aller ?

Un grand vide, infranchissable, les séparait en effet de l’immeuble où vivait Matteo. Et aucun arbre n’atteignait cette hauteur.

— Si j’étais seul, répondit le garçon, je passerais par-derrière, j’escaladerais le chêne, et ensuite la gouttière.

Il ôta son sac à dos.

— Mais sauter de l’arbre à la gouttière, ça demande de l’entraînement. Regarde un peu.

Il remonta sa manche. Une cicatrice courait de son poignet à l’os de son coude.

— Le genre d’entraînement qui fait mal.

Il ouvrit son sac.

— J’ai apporté ça, à la place.

— Une corde ?

Sophie examina l’épais rouleau que Matteo tenait dans la main. Long, et sûrement très lourd. Le garçon devait être plus fort qu’il n’y paraissait.

— À quoi sert le crochet qu’il y a au bout ?

— Tu vas voir.

— Est-ce qu’on va grimper ? C’est pour ça, la corde ?

Sophie tenta de faire taire la peur qui envahissait sa poitrine. Elle devait admettre – à contrecœur – que Matteo était quelqu’un de hors norme, sans doute tombé dans une marmite de courage à la naissance.

— J’ai dit, tu vas voir.

Il avança jusqu’à l’extrémité du toit et replia ses orteils contre le bord. Sophie sentit son estomac se contracter en signe de protestation, mais le garçon affichait une parfaite décontraction, comme s’il avait été au bord d’un banal trottoir.

— Reste en arrière, dit-il.

Il fit tournoyer la corde au-dessus de sa tête, cracha dans le vide, puis l’envoya voler dans les airs. Elle s’accrocha en haut de la gouttière de l’immeuble d’en face.

Matteo tira un coup sec. Son visage révélait une grande concentration – Charles avait la même expression lorsqu’il écoutait de la musique.

— Ça devrait aller, dit-il.



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